Saviez-vous que la plupart du temps, lorsque vous sentez une odeur de vanille, vous ne sentez pas du tout la vraie vanille ?
La plupart du temps, vous sentez simplement l’un de ses principals composé odorants : la vanilline. Et il vous manque la complexité de la matière première brute.
La vanilline est l’une des premières molécules naturelles à avoir été isolée au XIXe siècle, et elle a changé à jamais l’histoire de la parfumerie. C’est un composant majeur de la palette du parfumeur. Elle est naturellement présente en petites quantités (entre 0,75 et 2%) dans la gousse de vanille. Mais étant donné le prix du produit naturel, il serait absurde de l’extraire de la gousse. Au lieu de cela, les fournisseurs transforment aujourd’hui d’autres plantes comme le bois de gaïac pour produire industriellement de la vanilline. De faible coût, son usage s’est largement répandu, à tel point que notre nez confond maintenant la molécule avec la matière naturelle.
J’ai fait le test plusieurs fois : je faisais sentir de la vanille pure à des clients.es, qui ne trouvaient pas ce que c’était, ou pire qui n’aimaient pas, disant que c’était trop fort, animal… Puis je leur faisais sentir de la vanilline et ils reconnaissaient instantanément l’odeur de vanille.
La vanille en parfum est donc généralement une construction de parfumeur. Et pour en recréer l’odeur, celui-ci peut également utiliser une autre molécule synthétique, cousine de la vanilline appelée éthyl-vanilline, qui est légèrement plus fumée et d’un usage encore plus répandu. Si vous sentez de l’ethyl vanilline, vous reconnaîtrez à coup sûr son odeur.
D’autres molécules sont également apparues sur le marché pour aider à imiter certaines facettes de la matière naturelle, que ce soit l’onctuosité avec l’Isobutavan ou le fumé avec le Vanitrope. Mais si toutes ces matières synthétiques sont intéressantes et très utiles pour un parfumeur, elles sont cependant loin de la beauté stupéfiante du produit naturel.
Alors, quelle est le véritable parfum de la vanille ?
C’est une odeur riche et complexe, et son profil dépend de la méthode d’extraction.
L’extraction au CO2 restera proche de l’odeur naturelle, en préservant les facettes et le profil olfactif de la gousse. Elle est poussiéreuse, poudreuse, animale (castoréum), cuirée, liquoreuse (rhum), boisée, fumée, sucrée, savoureuse, chocolat, épices, caramel, … et vanille.
L’absolue aura des facettes plus florales, avec des accents mimosa poudré d’une beauté époustouflante.
Le prix de ces deux ingrédients naturels est stratosphérique, mais il en vaut la peine. (Ce qui signifie que si votre parfum à la vanille est bon marché, il ne contient probablement pas de vanille du tout !)
Vanille de Madagascar
Pour Le Projet Vanille, j’utiliserai à la fois l’extraction CO2 et de l’absolue vanille. Elles sont produites de manière éthique à Madagascar. Le fournisseur travaille non seulement à la production des plus beaux extraits de vanille, mais il met aussi l’accent sur le soutien de la population et la préservation de l’environnement local : construction d’écoles, lutte contre la déforestation, gestion de pépinières… Autant d’actions cruciales pour préserver le savoir-faire et la qualité de production.
La fleur de vanille est hermaphrodite et à Madagascar, comme dans tout l’océan Indien, il n’y a pas d’abeilles pour polliniser les fleurs. Il faut donc le faire manuellement, fleur par fleur. C’est beaucoup d’entretien des plantations. D’où l’importance d’une juste rémunération des récoltants. D’où le prix élevé de la matière première.
Cela ne me dérange pas de payer des milliers d’euros pour une vanille de bonne qualité, sachant que c’est toute une population qui en bénéficie et peut ainsi avoir une vie décente.
Et je suis très fier de travailler cette matière incroyablement belle et riche en sachant tout cela.
La vanille, c’est de l’or.